UBS et Credit Suisse s’emparent des pourparlers

UBS est prête à reprendre son rival suisse en difficulté, le Credit Suisse, mais seulement à un prix cassé, selon des informations publiées dimanche, dans le cadre de pourparlers urgents visant à sauver la banque assiégée de l’hémorragie à la réouverture des marchés.

Les deux plus grandes banques du riche pays alpin, connu pour ses prouesses bancaires, ont eu des entretiens avec le gouvernement, la banque centrale et les régulateurs financiers au cours du week-end.

Le Financial Times, qui a annoncé vendredi pour la première fois que la plus grande banque de Suisse était engloutie par le Credit Suisse, a déclaré qu’UBS avait proposé de l’acheter pour un montant pouvant atteindre 1 milliard de dollars.

L’accord coûtera 25 cents (0,23 franc suisse) par action du Credit Suisse, a indiqué le FT.

L’action Credit Suisse a clôturé à 1,86 franc suisse vendredi, valorisant la banque à un peu plus de 8,7 milliards de dollars, après avoir subi d’importantes baisses boursières la semaine dernière.

Le cours de l’action du Credit Suisse a chuté de 12,78 francs suisses en février 2021 en raison d’une série de scandales dont il n’a pas pu se débarrasser.

Le Credit Suisse repousse l’offre d’UBS, soutenue par son principal actionnaire, la jugeant trop basse, a rapporté Bloomberg.

– Le temps, c’est de l’argent…

Mais le temps presse jusqu’à la réouverture de la bourse suisse à 08h00 GMT lundi.

UBS est pressée par les autorités de conclure un accord à temps pour rassurer les investisseurs et éviter une vague de contagion sur les marchés.

Une fusion de cette ampleur, impliquant l’absorption de tout ou partie d’une banque, qui suscite une inquiétude croissante chez les investisseurs, prendrait généralement des mois. UBS aura quelques jours.

Les autorités suisses ont estimé qu’elles n’avaient d’autre choix que de pousser UBS à surmonter ses réticences dues à l’énorme pression des grands partenaires économiques et financiers de la Suisse, craignant leurs propres places financières, selon le journal Blick.

“Lorsque la bourse ouvrira lundi, le Credit Suisse appartiendra peut-être au passé”, a déclaré le tabloïd.

Alors qu’UBS doit normalement consulter les actionnaires dans les six semaines en vertu des règles suisses, elle pourrait utiliser des mesures d’urgence pour sauter la période de consultation et le vote des actionnaires, a déclaré le FT, citant des sources anonymes.

Le journal 20 Minuten a filmé des membres du gouvernement suisse, dont le président Alain Berset, alors qu’ils se rendaient au ministère des Finances à Berne tôt dimanche matin.

Le gouvernement n’a pas réagi lorsqu’il a été contacté par l’AFP dimanche.

– “Fusion du siècle” –

Le Credit Suisse, la banque centrale du pays, la BNS, et l’organisme de surveillance financière suisse, la FINMA, ont refusé de commenter les pourparlers lorsqu’ils ont été contactés par l’AFP.

Le journal SonntagsZeitung l’a qualifiée de “fusion du siècle”.

“Cela devient une réalité incroyable. Le Credit Suisse va reprendre UBS”, écrit l’hebdomadaire.

Le gouvernement, la FINMA et la BNS “ne voient pas d’autre option”, affirme-t-il.

“La pression de l’étranger était devenue trop forte et les craintes qu’un Credit Suisse chancelant ne déclenche une crise financière mondiale”, indique le rapport.

David Benamou, directeur des investissements d’Axiom Alternative Investments, basé à Paris, déclare : “La direction du Credit Suisse, même si elle y est contrainte par les autorités, choisira (l’absorption d’UBS) si elle n’a pas d’autre solution.”

L’Association suisse des employés de banque a déclaré que “l’enjeu est important” pour les 17 000 employés du Credit Suisse, “et donc aussi pour notre économie”.

“En outre, des dizaines de milliers d’emplois en dehors du secteur bancaire seront potentiellement menacés”, a-t-il ajouté, appelant à un groupe de travail pour gérer la situation.

– Trop gros pour échouer. –

Comme UBS, le Credit Suisse est l’une des 30 banques au monde considérées comme des banques d’importance systémique mondiale, qui sont si importantes pour le système bancaire international qu’elles sont considérées comme trop grandes pour faire faillite.

Mais le mouvement du marché semblait suggérer que la banque était perçue comme le maillon faible de la chaîne.

“Maintenant, nous attendons la solution définitive et structurelle aux problèmes de cette banque”, a déclaré le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, au journal Le Parisien.

Les actions du Credit Suisse ont chuté de plus de 30% pour atteindre un nouveau record de 1,55 franc suisse mercredi, dans un contexte de craintes de contagion suite à l’effondrement de deux banques américaines. Cela a vu la BNS intervenir avec une bouée de sauvetage de 54 milliards de dollars du jour au lendemain.

Après avoir regagné du terrain jeudi, ses actions ont clôturé en hausse de 8% à 1,86 franc suisse vendredi alors que le prêteur basé à Zurich luttait pour conserver la confiance des investisseurs.

La banque a enregistré une perte nette de 7,9 milliards de dollars en 2022 et s’attend à une perte avant impôts “significative” cette année.

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Publié à l’origine sous le nom d’UBS, le Credit Suisse s’oppose aux pourparlers de rachat

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